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Une semaine bien remplie pour la science

Rolf Heuer revient sur une semaine qui fit la part belle aux ondes gravitationnelles, à Moriond, aux résultats conjoints LHC-Tévatron et à TRIUMF

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Quel plaisir de voir la science faire la couverture des journaux du monde entier cette semaine, après l’annonce, par la collaboration BICEP2, de l'observation d'ondes gravitationnelles. Il s’agit là d’un résultat fantastique ; s’il est confirmé, ce sera un nouveau titre de gloire pour Albert Einstein, mais ce sera aussi  le premier volet d'un nouveau chapitre passionnant dans l'histoire de la physique. Les ondes gravitationnelles pourraient ouvrir la voie à l’unification de la mécanique quantique et de la relativité, les deux fondements de la physique du XXe siècle. La physique des particules aura sans aucun doute son mot à dire dans cette histoire. Le fait que cette nouvelle ait fait la une de la presse internationale – avec autant de retentissement que la découverte du Higgs – est un signe fort que la science est en train de trouver sa véritable place dans la société.
 
L’actualité scientifique ne se limitait pas cette semaine à la découverte des ondes gravitationnelles. Dans notre domaine, la semaine a été évidemment marquée par la conférence de Moriond. Parmi les résultats très intéressants annoncés par les expériences LHC, il faut relever que l’on a mieux cerné les propriétés du boson de Higgs et que l’on a mesuré des couplages de plus en plus rares à d’autres particules. Il faut signaler aussi un autre résultat, le fruit d’une collaboration comme on en trouve au cœur de notre discipline. En effet, entre les physiciens des particules, la concurrence et la collaboration sont également présentes. Voir les expériences Tevatron, à Fermilab, et LHC, au CERN, rassembler leurs mesures et obtenir ainsi des résultats plus précis était donc juste une question de temps. C’est ainsi que mercredi dernier la mesure la plus précise de la masse du quark top a pu être présentée à Moriond, à partir des données obtenues par les expériences ATLAS, CDF, CMS et D0.  
 
On appelle cela concurrence dans la collaboration. La concurrence entre expériences et entre laboratoires est une émulation, mais, surtout, ce type de collaboration est à la base de la physique mondiale des particules et elle est essentielle pour faire avancer notre connaissance de l’Univers dans lequel nous vivons.  Nous pouvons à présent utiliser cette valeur plus précise de la masse du quark top pour sonder les liens quantiques entre le quark top, le Higgs et le boson W, étudier les prédictions sur la stabilité du champ de Higgs et ses effets sur l’évolution de l’Univers, et rechercher d’éventuelles incohérences dans le Modèle standard, qui seraient les indices d’une nouvelle physique.
 
Enfin, cette semaine, le laboratoire TRIUMF a annoncé la nomination de son nouveau directeur, et je suis heureux d’apprendre qu’il s’agit de Jonathan Bagger, qui est bien connu dans notre discipline, non seulement pour ses travaux de recherche, mais également pour ses fonctions au sein du Comité directeur pour le collisionneur linéaire international et du Comité consultatif sur la physique des hautes énergies des États-Unis. J’adresse toutes mes félicitations à TRIUMF ainsi qu’à Jonathan Bagger.