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Les vicissitudes du redémarrage du LHC

Cette semaine, nous aurions dû fêter la circulation des premiers faisceaux de la deuxième période d’exploitation du LHC

Cette semaine, nous aurions dû fêter la circulation des premiers faisceaux de la deuxième période d’exploitation du LHC. Cependant, comme je l’ai rapporté mardi, nous devons au lieu de cela parler d’un retard dans le calendrier. Alors que se poursuivent les essais de mise sous tension pour l’exploitation à 6,5 TeV, un court-circuit à la terre dans l’un des milliers de circuits que compte le LHC a été constaté le 21 mars.

Le travail de réparation en soi est simple, mais il est compliqué par le fait que le court-circuit s’est produit dans une partie froide de la machine. Il pourrait donc falloir quelques semaines pour procéder à un réchauffement, puis à nouveau à un refroidissement, une fois la réparation effectuée. Malgré cela, tout laisse présager une magnifique deuxième période d’exploitation et, si l’on prend un peu de recul, quelques semaines de retard ne représentent qu’un instant dans cette quête que mène l’humanité pour comprendre l’Univers. L’impact de ce retard sur les expériences sera minime, car l’année 2015 était dès le départ consacrée à la préparation de la machine améliorée, afin d’exploiter tout son potentiel pour la physique en 2016-2018.

Au début de la première période d’exploitation du LHC, il y a cinq ans jour pour jour, le 30 mars 2010, je vous avais dit, citant le monologue d’Hamlet, que c’était le moment d’« être ou ne pas être » pour le Higgs. J’étais loin de penser que je serais amené à citer le même passage à l’heure de la préparation de la deuxième période d’exploitation. Toutefois, comme tout ce qui arrive dans la vie, le calendrier du redémarrage du LHC n’est pas à l’abri « des coups et des revers d’une injurieuse fortune », et c’est ce que nous constatons cette semaine. Il ne fait aucun doute que la deuxième période d’exploitation du LHC sera fructueuse, mais nous devrons faire preuve d’encore un peu de patience avant qu’elle puisse commencer.

D’autres nouvelles nous viennent de Washington D.C. (États-Unis), où quelque 340 physiciens sont rassemblés à l’occasion de la réunion de collaboration 2015 consacrée aux études sur de futurs collisionneurs circulaires (FCC). Cinquante-et-un instituts de 19 pays se sont à présent inscrits pour participer aux études FCC et, à Washington, les discussions ont révélé une remarquable unité de vision dans le monde entier à propos de la direction que devrait prendre la physique des particules pendant les prochaines décennies. Comme je l’ai déjà dit, cela apparaît clairement dans la manière dont la stratégie européenne et le rapport P5 des États-Unis concordent, mais cette convergence de vues mondiale a aussi été particulièrement manifeste du fait de la présence de scientifiques de nombreux pays asiatiques. Même si l’Asie ne dispose pas d’un équivalent de la stratégie européenne ou du processus P5, il est évident que la communauté de la physique des particules partage une vision globale pour un futur partagé, dans lequel les études FCC représentent un élément important pour nous tous.

Pour revenir au CERN, comme je l’ai souvent souligné, les réalisations remarquables de la première période d’exploitation, du LS1 et des préparatifs en vue de la deuxième période d’exploitation n’auraient pas été possibles sans le dévouement exceptionnel et le travail de grande qualité de l’ensemble du personnel du CERN, des utilisateurs et des contractants. Le Conseil, notre organe de tutelle, connaît bien le dévouement et le professionnalisme de chacun, ici au CERN, et ne manque jamais de vous féliciter pour votre travail. Cependant, les discussions difficiles qui ont eu lieu récemment au Conseil, en particulier sur les pensions mais aussi sur les prestations en général, donnent en ce moment une impression différente, et pourraient même être une cause de découragement. À ce propos, je peux vous assurer que des discussions approfondies auront lieu sur ces sujets entre la Direction et le Conseil ces prochains mois, afin de faire en sorte que le CERN puisse continuer à remplir sa mission avec succès.

Pour terminer sur une note positive, cela fait 50 ans, ce mois-ci, que le Bulletin du CERNexiste. Je ne sais pas si cela constitue un record pour une lettre d’information interne, mais c’est à n’en pas douter un événement digne d’être relevé. Je souhaiterais donc conclure ainsi mon message : joyeux anniversaire, Bulletin !