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60e anniversaire : les débuts du Conseil à l'honneur

L'extraordinaire harmonie entre les scientifiques visionnaires et les représentants de gouvernements continue de rendre l'Organisation remarquable

Ce texte a été écrit par Agnieszka Zalewska, Président du Conseil et Rolf Heuer, CERN Directeur général.

Les 7 et 8 octobre 1954 se tenait la première session du Conseil du CERN sous la houlette du Français Robert Valeur, président sortant du Conseil intérimaire qui avait supervisé la fondation du CERN. Alors que nous commémorons cette première session avec un symposium spécial, il est intéressant de se pencher sur son procès-verbal.

Malgré la froideur du jargon officiel caractéristique de ce type de textes, le caractère historique du moment perce entre les lignes.  « Le Président sortant souligne l’importance de la création de l’Organisation, la première de ce genre dans l’histoire du monde. » Après avoir prononcé ces paroles, Robert Valeur, comme le rapporte le document, présente des personnalités telles que l’écrivain et fédéraliste suisse Denis de Rougemont et le prix Nobel américain Isidor Rabi, tous deux d’importants acteurs de la création du CERN. Pierre Auger, pionnier du CERN, n’assistera à la session que le jour suivant. Quant à Louis de Broglie, dont la proposition lors de la Conférence européenne de la culture en 1949 a constitué le point de départ du projet tout entier, il n'a pas pu assister à cette session.

Donnant le ton des futures relations transatlantiques dans le domaine de la physique des particules, Isidor Rabi « souligne l’intérêt que portent les hommes de science américains au travail du Laboratoire et se fait l’interprète de leur vœu qu’une étroite et sincère collaboration unisse l’Europe et l’Amérique en vue de stimuler un esprit de franche compétition entre ces deux pays, à l’avantage de la science ». Une fois passées les formalités d’ouverture, le Conseil entre rapidement dans le vif du sujet, s’attelant à l’élection des représentants officiels de l’Organisation, à des questions financières ou relatives au personnel, et entamant des discussions approfondies sur la compatibilité de la géologie locale avec la construction du synchrotron à protons.

Ce qui a caractérisé les débuts du CERN et ce qui continue de rendre l'Organisation remarquable aujourd'hui, c'est l'extraordinaire harmonie qui existe entre ces scientifiques visionnaires, ces diplomates et ces représentants de gouvernements qui reconnaissent tous le rôle de la science en tant que vecteur de paix. Parmi les noms cités dans le procès-verbal de la première session du Conseil, on trouve aussi bien des chercheurs que des non-chercheurs. Aujourd’hui, le Conseil respecte toujours cette tradition puisqu’il est composé de représentants des États membres et des communautés scientifiques. C'est ce qui rend notre système de gouvernance si solide, nos résultats scientifiques si brillants, et c'est ce qui rend cette première session du Conseil si digne d'être célébrée, à l'approche, ce week-end, de la Journée internationale de la paix.

Soixante ans après la création du CERN, de nombreux conflits déchirent encore le monde et l'intolérance est encore très présente. Dans un tel climat, des institutions comme la nôtre, îlots de paix et de stabilité, sont plus que jamais nécessaires. Les nouvelles institutions, comme SESAME, doivent être encouragées, tandis que celles déjà existantes doivent être enrichies. Voilà le message que nous souhaitons faire passer au cours de cette année qui marque le 60e anniversaire du CERN.