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Dernières nouvelles du LS1 : La sécurité en grandeur nature

La semaine dernière, dans le secteur 4-5 du LHC, diverses équipes du CERN ont provoqué une fuite d’hélium liquide grandeur nature

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La semaine dernière, dans le secteur 4-5 du LHC, diverses équipes du CERN ont provoqué une fuite d’hélium liquide grandeur nature. Le but ? Mesurer la vitesse de propagation du nuage d’hélium, l’évolution de la température, le taux d’oxygène en divers points du tunnel et à divers stades de la fuite, contrôler les effets de l’hélium sur la machine et les infrastructures, et surtout, réévaluer les normes de sécurité en vigueur dans le tunnel.

« Actuellement, les soupapes de sécurité qui évacuent l’hélium en cas de surpression sont signalées par une zone de ‘non-stationnement’ de 6 mètres (3 m de part et d’autre de la soupape), explique Johan Bremer, en charge de l’opération (groupe TE-CRG). Dans cette zone, les intervenants qui travaillent dans le tunnel peuvent circuler, mais pas s’arrêter. Cela évite qu’ils soient trop près de la soupape en cas de fuite. » Cependant, cette zone de sécurité de 6 mètres a été évaluée par modélisation il y a déjà quelques années, et de récents résultats de simulation semblent présenter quelques discordances avec cette première modélisation. « Nous avons donc décidé, avec l’appui de la Direction, de faire un test ‘réel’, indique Johan Bremer. Nous pourrons ainsi définir des règles de sécurité optimales. »

Pour réaliser le test, l’équipe du groupe TE-CRG a relié deux containers d’hélium liquide de 500 litres chacun à une soupape de sécurité fabriquée spécialement pour l’occasion et fixée sur l’accélérateur (il était évidemment inenvisageable de provoquer une fuite d’hélium dans la machine elle-même). Les deux containers ont ensuite été vidés à travers cette soupape à une vitesse d’environ 1 kg par seconde, soit le débit maximal envisageable en cas d’incident.

Pour ne rien manquer de l’expérience, plusieurs capteurs ont été placés en divers points du tunnel, jusqu’à 100 mètres en amont de la fuite, et 200 mètres en aval (la ventilation ayant été mise en marche comme en conditions réelles, créant ainsi un courant de circulation de l’air). « Nous avons suivi le déroulement de l’opération en direct depuis une des cavernes de CMS grâce à des caméras placées dans le tunnel, précise Johan Bremer. Pour ce test, nous avons travaillé en collaboration avec les groupes EN-CV et GS-ASE, ainsi qu’avec des membres de l’Université de Technologie de Wroclaw (Pologne), qui nous ont aidés à mettre en place une partie du système de mesures. »

Réalisés à trois reprises, les nuits du mardi 4, jeudi 6 et vendredi 7 février, les tests ont aussi été suivis de près par les pompiers du CERN, qui ont pu effectuer des relevés des taux d’oxygène dans le tunnel à divers stade de la fuite. « Pour le dernier essai, les pompiers sont restés dans le tunnel, à 200 m de la fuite, ajoute Johan Bremer. Ils ont ainsi pu prendre des mesures dès les premières minutes, ce qui sera un précieux atout pour notre étude. »

Les données récoltées permettront de mieux appréhender les risques en cas d’importante fuite d’hélium liquide, et d’ainsi réévaluer les normes de sécurité. Les résultats seront connus dans les prochaines semaines. Affaire à suivre donc.

Pendant ce temps, ailleurs

Au LHC, le projet SMACC avance à bonne allure, les équipes ayant réduit leur retard de trois à deux semaines depuis le mois d’octobre dernier. 80 % des interconnexions ont ainsi déjà été consolidées, et 85 % des 27 000 shunts ont été mis en place.

Le « shuffling module » du boîtier d’alimentation électrique (DFBA) du point 6 (droit), en réparation en surface jusqu’à la semaine dernière, a été remis en place dans le tunnel et reconnecté. L’opération, bien que très délicate, a été accomplie avec succès. Celui de la DFBA du point 8 vient quant à lui tout juste d'être redescendu dans le tunnel. Il sera reconnecté dans les prochains jours.

Dans le secteur 6-7, les tests ELQA à chaud qui ont suivi les premiers tests de pression se sont révélés très positifs. Seules deux petites non-conformités ont été repérées sur l’instrumentation de la partie chaude de l’accélérateur, ce qui ne devrait pas poser de problèmes majeurs.

Du côté des pré-injecteurs, la tension monte à l’approche de la date de fermeture définitive des accès, qui devrait avoir lieu à la fin du mois de mars. Les équipes mettent actuellement les bouchées doubles pour finir dans les temps pour le redémarrage.