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Sur les épaules des développeurs de logiciels

Pour des logiciels scientifiques durables

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Laissé à lui-même, un logiciel se dégrade. Comme un vieil immeuble laissé à l’abandon, il tombe en ruine. Heureusement, comme c'est le cas pour les vieux monuments, certains se battent pour préserver les logiciels scientifiques et font tout leur possible pour que ce qui a été acquis avec beaucoup d’efforts par les chercheurs d'aujourd'hui ne soit pas, par négligence, perdu pour les chercheurs de demain.

Le mercredi 30 janvier, une quarantaine d'adeptes de la préservation des contenus électroniques se sont rendus au CERN pour un atelier consacré aux identifiants permanents SciencePAD (SPID2013), dont l’objectif était de rechercher des moyens d’améliorer la collecte, le stockage et la préservation des informations relatives aux logiciels utilisé dans la recherche scientifique. Bien entendu, il ne s’agit pas de nostalgie ; le but est de faire en sorte que le logiciel mis au point puisse être réutilisé ultérieurement par les chercheurs et que les résultats scientifiques produits grâce à l'utilisation d'un logiciel spécifique puissent être reproduits dans les années à venir.

Alberto di Meglio, directeur du projet European Middleware Initiative et responsable des activités SciencePAD, souligne l'importance de disposer de répertoires de logiciels en ligne pour la réalisation de ces objectifs. « Il est important que le logiciel utilisé pour aider à produire des publications scientifiques soit cité correctement, a-t-il déclaré. L’objectif ultime pour les scientifiques est de pouvoir localiser un logiciel dans un répertoire et recueillir des informations qu'ils pourront utiliser dans leurs propres publications. »

L’une des solutions possibles est de produire une publication au sujet du logiciel que vous avez développé, explique Martin Fenner, du projet ORCID. Ainsi, les chercheurs pourront citer le logiciel utilisé pour la recherche dans le cadre des procédures de publication habituelles.  Une autre possibilité serait d’attribuer aux logiciels des identifiants permanents, des codes de référence de longue durée, semblables aux identifiants d’objets numériques attribués aux articles scientifiques eux-mêmes.

Le but de l’opération n’est pas de donner aux développeurs de logiciels la reconnaissance qu'ils estiment mériter ; c'est plutôt de veiller à ce que les groupes de recherche ne réinventent pas la roue à chaque fois et que les scientifiques puissent s'appuyer sur les travaux de leurs pairs. Rudolf Dimper, de l’Installation européenne de rayonnement synchrotron (ESFR), estime que les répertoires de logiciels en ligne ont un rôle vital à jouer dans la mesure où ils peuvent créer la confiance nécessaire pour réaliser ces objectifs. « Si les logiciels sont bien entretenus et bien documentés, les chercheurs peuvent faire confiance à ces programmes pour faire leur propre analyse de données, et ils seront moins tentés d’élaborer eux–mêmes des programmes semblables, voire identiques. »

Neil Chue Hong, directeur du Software Sustainability Institute, estime que bon nombre des questions discutées lors de l’atelier pourraient être résolues si les scientifiques étaient plus à l'aise en science computationnelle. « Nous devons développer les compétences.  Beaucoup de chercheurs ne disposent pas dans ce domaine des connaissances de base qu’on peut attendre d’eux, par exemple, en statistiques. »