Basé au CERN, le programme UNOSAT de l’UNITAR étudie des images satellites du monde entier à des fins humanitaires. Qu'il s'agisse d’établir des cartes destinées aux équipes intervenant en cas de catastrophe naturelle ou d’évaluer les dommages découlant d'un conflit afin de faciliter les opérations de reconstruction, les rapports détaillés ainsi produits sont des outils précieux pour les humanitaires. Mais à quoi peuvent donc bien servir des images satellites lors d’une crise sanitaire telle que l'actuelle flambée de fièvre Ebola ?
UNOSAT rassemble les données satellites provenant d’agences spatiales et d’opérateurs commerciaux du monde entier afin de fournir des cartes et des rapports objectifs et impartiaux.Catastrophe naturelle au Pakistan ou encore réfugiés au Soudan, UNOSAT est un observateur impartial des événements de ce monde. La flambée de fièvre Ebola est toutefois un cas à part. « L'Organisation mondiale de la santé met en place une importante campagne en Afrique de l’Ouest, construit des centres de traitement de la maladie et déploie du personnel dans les pays affectés, explique Einar Bjorgo, responsable du programme UNOSAT. Mais les flambées se produisent dans des zones très reculées où les informations sont limitées et souvent dépassées. C’est là que nous intervenons. » UNOSAT fournit de toutes nouvelles cartes haute résolution, conçues spécialement pour les équipes de l’OMS, qui peuvent y accéder directement depuis leurs systèmes d’information interne.
« C'est l'un des avantages d’être basé au CERN, explique Samir Belabbes, qui participe aux travaux d’UNOSAT concernant Ebola. Nous pouvons télécharger ici les images satellites, traiter les données brutes, puis les placer sur un serveur du CERN qui alimente une interface destinée aux collaborateurs de l'OMS qui sont sur le terrain, lesquels ont alors la possibilité d’accéder à des cartes satellites spécifiques directement depuis cette interface. C’est un outil formidable, surtout dans des zones où la puissance informatique et les bandes passantes sont limitées. »
UNOSAT a donné le coup d’envoi à la lutte contre Ebola en activant la Charte internationale. « Grâce à la Charte, UNOSAT reçoit gratuitement des images satellites d'agences spatiales nationales ou internationales en cas de catastrophe naturelle ou technologique, poursuit Einar Bjorgo. La flambée de fièvre Ebola qui sévit actuellement méritait que la Charte soit activée. C’est une première en matière d’urgence sanitaire. Désormais, les satellites de toute la planète participent à la lutte contre Ebola. »
Une fois assuré l’appui logistique immédiat, UNOSAT continuera de collaborer avec les équipes de l’OMS en Afrique de l'Ouest. « Nous suivrons la construction des centres de traitement d’Ebola et fournirons de nouvelles images des centres à la demande de l’OMS, explique Einar Bjorgo. Cela nous permettra de suivre les centres une fois que les ressources pour la construction auront été distribuées. » Sans sortir du CERN, l’équipe d’UNOSAT nous permettra de rester informés de ce qui se passe dans les parties les plus reculées de la zone de flambée.