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La collaboration avec le CERN, un atout pour les communautés scientifiques au Moyen-Orient

Dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, le CERN a construit des collaborations scientifiques favorisant entre autres l’accès à l’éducation et l’innovation

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Magnets are tested and assembled at CERN before delivery to the SESAME facility as part of the CESSAMAG project in 2015

Des aimants sont testés et assemblés au CERN avant d'être livrés à l'organisation SESAME dans le cadre du projet CESSAMAG en 2015.

Depuis sa création, le CERN s’emploie à tisser des liens pacifiques entre les États du monde entier, notamment par la voie de collaborations scientifiques, et la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MOAN) ne fait pas exception. L’Organisation vise aujourd’hui à renforcer ses liens avec les pays de la région, dans un contexte politique particulier. 

Les partenariats entre les établissements universitaires et les grandes expériences du LHC (ATLAS, CMS, ALICE, LHCb) sont au cœur de la stratégie du CERN dans la région MOAN. Si le niveau d’intégration varie largement entre les pays de la région, Martin Gastal, conseiller pour les relations avec la région MOAN, note une volonté forte de la part de l’ensemble des États : « La progression d’une collaboration dépend de nombreux facteurs, en particulier de la situation administrative et financière du pays. Pourtant, tous les pays démontrent une volonté commune de collaborer plus intensément avec les expériences du CERN. »

Le Maroc, qui est le premier État de la région à signer un Accord de coopération international en avril 1997, fait figure d’exemple : son partenariat avec ATLAS s’est depuis développé en relations diplomatiques avec l’Organisation. Ces relations pourraient continuer à s’intensifier alors que le pays envisage de rejoindre le CERN en tant qu’État membre associé. Même constat pour l’Égypte depuis la signature d’un Accord de coopération international en 2006 – le ministre de l’Enseignement supérieur égyptien a également manifesté la volonté de faire de l’Égypte un État membre associé du CERN. Qui plus est, le CERN accueille des initiatives fructueuses de la part de certains pays, comme Bahreïn, qui a, à l’été 2022, offert ses services pour la construction d’un équipement du détecteur CMS – un cadre d'accès en aluminium pour la région du trajectographe du détecteur avec son gabarit de montage.

Au-delà des machines, ces accords ont un impact sur de nombreux parcours individuels : ils permettent notamment à des dizaines d’étudiants de faire leurs armes au CERN. Ainsi, les étudiants d’été de la région sont invités chaque année à visiter les expériences du LHC, guidés par des collègues de leur région d'origine, des visites qui donnent l'occasion de percevoir les contributions apportées par les universités de la région MOAN à la recherche en physique des particules.

En parallèle, la lutte contre la fuite des cerveaux constitue l’un des piliers principaux de l’engagement du CERN dans la région MOAN. En renforçant les capacités des institutions locales, le CERN contribue à ce que les différents pays de la région deviennent des pôles attractifs de recherche en physique des particules et, plus largement, dans les domaines des sciences et des technologies. On pense évidemment aux dons de matériel informatique, tel que celui de serveurs, en 2019, à l’Université An-Najah en Cisjordanie, qui a permis à l’établissement de rejoindre la collaboration ATLAS en mars 2022, ouvrant la voie à de futures possibilités pour des dizaines d’étudiants et de chercheurs palestiniens. Au Liban aussi, le CERN a envoyé une grande quantité de serveurs informatiques au terme d’une campagne de collecte de fonds salutaire pour le projet Calcul haute performance visant à soutenir la communauté scientifique libanaise. Ces dons soutiennent les étudiants et chercheurs qui effectuent des recherches dans les domaines de l'intelligence artificielle, du développement d'algorithmes et de l'apprentissage automatique pour la physique expérimentale.

En 2017, le CERN a obtenu le statut d’observateur auprès du Conseil de SESAME, le Centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient. L’organisation, basée en Jordanie, est la dernière en date à appliquer le modèle de gouvernance du CERN pour la physique des particules. Transcendant les barrières politiques, ce laboratoire a donné la possibilité à des représentants de pays de toute la région, dont l’Iran et Israël, de s’entendre pour la première fois sur des positions communes relatives à la coopération scientifique. « Le dénominateur commun est la science, qui rend le pont de la paix plus facile à franchir – la parole est libérée », ajoute Martin Gastal.

L’implication du CERN dans SESAME n’est qu’une des voies empruntées par l’Organisation pour favoriser les sciences dans la région MOAN. Le CERN entend s’appuyer sur l’enthousiasme des communautés scientifiques et des États de la région pour parcourir avec eux ce chemin.

Reema Altamimi est originaire de Naplouse, en Palestine. Elle prépare actuellement un master à l'Université Paris II et a effectué un stage au sein du groupe Éducation, communication et activités grand public du CERN en 2022, grâce à une bourse de la Sharing Knowledge Foundation.