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Rédacteur en chef invité du journal Le Temps

Editorial, comme rédacteur en chef invité de l'édition de Samedi 27 Septembre du journal Le Temps

Cet article d'opinion est reproduit avec l’autorisation de la rédaction du journal Le Temps du samedi 27 septembre.

 

Me voir offrir pour un jour la fonction de rédacteur en chef invité d’un journal aussi réputé que Le Temps est une chance que je me suis empressé de saisir. Comment résister au plaisir de m’adresser aux personnes avec qui le CERN entretient des rapports de si bon voisinage pour leur expliquer nos idéaux et leur dire ce qui me tient à cœur ? Aussi, lundi dernier, à la séance de rédaction, ai-je demandé deux choses : au moins une rubrique dans la semaine consacrée aux bonnes nouvelles, un encart exposant les fondements scientifiques d’un article. Pourquoi ces deux choix ? Parce que, même s’il arrive des malheurs, il y a aussi des événements réjouissants, qui peuvent selon moi être très inspirants. Et pourquoi accorder tant de place à la science ? Parce que tout en dépend aujourd'hui et qu’il est utile de découvrir la dimension scientifique des nouvelles que nous lisons.

La rubrique consacrée aux bonnes nouvelles? Pour l’avenir, je laisse la rédaction s’en charger. Aujourd’hui, c’est à moi que revient cette tâche. Donc, quelle sera la bonne nouvelle du jour ? Lundi [29 septembre], le CERN aura 60 ans. Parmi les grands esprits liés à sa fondation figure Denis de Rougemont. C’est lors de la Conférence européenne de la culture qu’il a organisée à Lausanne en 1949 qu’a été évoquée pour la première fois l’idée de créer un laboratoire européen qui serait un centre d’excellence et un îlot de paix. Par la suite, Albert Picot, alors conseiller d’État à Genève, a beaucoup contribué à l’implantation du CERN à Genève et à l’accueil très chaleureux qui lui a été réservé.

Des esprits novateurs comme eux ont établi le CERN avec une double ambition : créer un centre européen d’excellence scientifique et un lieu où les nations européennes travailleraient ensemble harmonieusement au terme d’une période de conflit. Soixante ans plus tard, le CERN reste animé par le même idéal. Il est à la pointe de son domaine et des personnes d'une centaine de pays s'y côtoient tous les jours dans l'harmonie.

La bonne nouvelle ne s’arrête pas là : l’histoire du CERN semble se répéter dans une région troublée. Depuis plusieurs années, des scientifiques et des diplomates travaillent à l’établissement d’un laboratoire régional pour le Moyen-Orient : SESAME. Sa construction est bien engagée en Jordanie, et la recherche devrait y commencer en 2016. Vous y trouverez des Iraniens, des Israéliens et des personnes d’autres origines dans la région, unies par un rêve commun : l'excellence scientifique et la paix entre voisins.

Ce journal couvre si bien l’actualité scientifique – en particulier cette semaine – que je n’évoquerai pas les encarts plus en détail. Je préfère conclure en rappelant pourquoi la présence du CERN est si importante dans la région. Lorsque le CERN a été fondé, la situation géographique de Genève, sa neutralité et l'esprit d'ouverture de sa population étaient des facteurs importants. D'autres organisations internationales y avaient déjà établi leur siège. La donne n’a pas changé. Genève reste un pivot de la vie internationale et je suis fier que le CERN y soit associé.

 

Pour ce numéro, Rolf Heuer a proposé divers sujets d’articles, en a réalisé lui-même – comme l’interview de Michael Møller, directeur général par intérim de l’Office des Nations unies à Genève, – et commentera l’actualité. Il décrira également, dans un entretien exclusif, les enjeux scientifiques du redémarrage du LHC. Rolf Heuer a également conçu le sommaire d’un Samedi culturel exceptionnel à la croisée de l’art, de la science et de la spiritualité. À sa demande, le physicien britannique Andrew Briggs, professeur à Oxford, racontera comment il concilie passion scientifique et foi. Rolf-Dieter Heuer retracera aussi les soixante ans du CERN en six images choisies et commentées par ses soins. Il proposera encore un portrait croisé des papes Benoît XVI et François, qu’il a tous deux rencontrés.

 

L'édition quotidienne et le "Samedi culturel" peuvent être téléchargés au format PDF.