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Sécurité informatique : les courriels d’aujourd’hui sont les lettres d’hier

Certains d'entre nous de la vieille garde s'en souviennent peut-être encore : prendre une feuille de papier, toute simple ou bien blanc brillant, faite main et texturée, ou élégante et d'un blanc parfait, avec un grammage de 80, 120, ou 240 grammes. Pour écrire nous avions le choix entre un crayon qu'il fallait tailler, un stylo-bille, ou une plume dont il fallait remplir le réservoir. Cela nous permettait d'affûter notre esprit et de rassembler nos idées en vue d'envoyer un message à un être cher. Coucher ses idées sur le papier, en lettres cursives et d'un geste fluide jusqu'à la signature, c’était créer une œuvre d'art. On la glissait ensuite dans une enveloppe que l'on refermait en léchant le rabat gommé, qui laissait un goût particulier sur la langue, et que l’on cachetait parfois. On ajoutait ensuite le nom et l'adresse du destinataire, et, parfois, le nom de l'expéditeur. C'était le bon vieux temps, celui où l'on écrivait des lettres manuscrites.

Tout cela a bien changé depuis que l'on est passé aux lettres électroniques, c'est-à-dire aux courriels, qui ne requièrent ni papier ni crayon. Nul besoin non plus d'un esprit affûté, d'idées ou d'amour. Il suffit de taper sur le clavier, froidement, sans émotion. Avantages : c'est rapide et il n'est pas nécessaire de lécher d'enveloppe. Mais la rapidité est-elle vraiment un avantage ? Il est regrettable que le côté romantique des lettres manuscrites se soit perdu avec les courriels.

Plus regrettable, les courriels suivent encore les principes techniques des lettres. En effet, s’il est toujours nécessaire d’indiquer un nom et une adresse corrects pour qu’un message arrive à bon port, vous pouvez par contre indiquer l'expéditeur qu'il vous plaît. Vous pouvez donner votre nom (si vous êtes une personne honnête), celui de votre voisin (que vous méprisez), ou celui de Donald Duck à Disneyland, Paris. Ou encore, indiquer le même nom pour le destinataire et l'expéditeur (pour les embrouiller ?), celui de l'administration fiscale, ou simplement ne pas le mentionner, garantie d'un anonymat total à moins que vous n’utilisiez votre messagerie standard. Bref, vous l'aurez compris, l'expéditeur d'un courriel n'est pas forcément celui que l'on croit. Un courriel ne révèle rien sur son expéditeur. Nothing. Nichts. Nada. Niente.

Aussi lorsque vous recevez un courriel, ne vous fiez pas à son expéditeur supposé, mais prêtez attention au courriel dans son ensemble, à son contenu, au choix des mots, leur signification, la résonnance qu'ils éveillent en vous par rapport à votre vie personnelle ou professionnelle. Cela correspond-il ? Est-il rédigé dans une langue que vous comprenez ? Bref, ce courriel a-t-il du sens pour vous ? Veuillez noter que ni J. Bieber ni B. Spears ne vous enverront jamais de photos d'eux nus, qu'il est improbable que votre ex vous envoie encore des lettres d'amour, qu'aucune entreprise sérieuse ne vous demandera votre mot de passe, et que vous ne recevrez jamais une facture d'une entreprise avec laquelle vous n'avez pas d'engagement contractuel. Si l'expéditeur vous met la pression, vous demande par exemple de régler la facture immédiatement, ou vous confronte avec des informations embarrassantes (du style, « Je sais que vous aimez regarder du porno »), soyez sur vos gardes !

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Dans tous les cas, ARRÊTEZ-VOUS – RÉFLÉCHISSEZ – NE CLIQUEZ PAS (et surtout ne donnez pas votre mot de passe). N'ouvrez aucune pièce jointe et ne cliquez sur aucun lien. Contenez votre curiosité et supprimez ces courriels, car prudence est mère de sûreté. Et en cas de doute, contactez-nous à l’adresse Computer.Security@cern.ch.

Souvenez-vous des bonnes vieilles lettres manuscrites ; vous ne conserviez que celles qui vous avaient le plus touché, alors que les autres finissaient à la poubelle ou restaient sans réponse. Il est peut-être temps de ressortir une feuille de papier et un stylo, d'affûter votre esprit et d'envoyer un tendre message à un être cher.

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Pour en savoir plus sur les incidents et les problèmes en matière de sécurité informatique au CERN, lisez notre rapport mensuel (en anglais). Si vous souhaitez avoir plus d’informations, poser des questions ou obtenir de l’aide, visitez notre site ou contactez-nous à l’adresse Computer.Security@cern.ch.