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Dernières nouvelles des accélérateurs : Des faisceaux sont injectés dans le LHC, en préparation des collisions d'ions lourds

La production de faisceaux dans le LHC reprend, après la réparation de la fuite du triplet interne, et dans la perspective de collisions d'ions lourds

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capture d'écran du LHC page 1
Les faisceaux sont de retour dans le LHC, et on peut suivre leur état en temps réel sur LHC Page 1.

Le 30 août, les faisceaux étaient de retour dans le LHC, légèrement en avance par rapport au planning révisé. Il faudra maintenant quelques jours pour procéder à la remise en marche avec faisceau, revalider les systèmes de sécurité et ajuster précisément tous les paramètres pour que le LHC soit en mesure de livrer à nouveau des faisceaux pour la physique.

À la suite de la réparation de la fuite du triplet interne le 1er août, le LHC a achevé la descente en température le 22 août. On a ainsi pu réaliser les essais d'alimentation électrique, c'est-à-dire une séquence prédéterminée d'évaluations des équipements permettant de vérifier que tout est prêt pour une exploitation normale. Normalement, après un cycle de réchauffement et de redescente en température, l'entraînement des aimants aux transitions résistives (ou quenchs) fait partie de l'essai d'alimentation électrique. Cependant, cette fois-ci, lorsque le cycle nominal a été exécuté et que les aimants ont été traversés par un courant d'une intensité allant jusqu'à 11 600 A, aucun d'entre eux n'a connu de quench. Ce n'était pas totalement inattendu, car la plus grande partie de la machine a été maintenue à basse température, et la température de l'arc 7-8 est restée inférieure à 80 kelvins. Ce seuil de 80 K est crucial, car il marque le point au-delà duquel se produisent des changements notables dans les contraintes mécaniques à l'intérieur des aimants.

Graph of ARC average temperature showing a rise and fall
Ce graphique montre l'évolution de la température de la masse froide de l'arc 7-8, sur lequel a été réalisé un réchauffement limité pour qu'il soit possible de réparer la fuite de vite dans le triplet interne gauche de LHCb. La fuite est apparue le 17 juillet et l'arc 7-8 a été réchauffé à environ 20 kelvins et maintenu à cette température, au moyen d'hélium gazeux, jusqu'à l'ouverture de l'interconnexion le 24 juillet. Il n'était pas possible de refroidir activement cet arc pendant l'intervention et sa température moyenne a donc augmenté. Le 1er août, l'intervention étant terminée, le refroidissement de l'arc pouvait commencer.
 

Le calendrier du LHC a été révisé, après des discussions entre les représentants des expériences et les équipes machine. Il a été conclu que l'apparition de la fuite marquait la fin de l'exploitation normale avec protons, car reprendre une exploitation avec des faisceaux à 6,8 TeV aurait exigé un temps de mise en place et de revalidation non négligeable. C'est pourquoi, pour les mois qui viennent, la machine sera utilisée essentiellement pour une campagne de physique des ions lourds, déjà programmée pour la fin de l'année. Celle-ci sera complétée par des exploitations spéciales avec protons relativement brèves, par exemple des balayages Van de Meer effectués pour calibrer les mesures de luminosité des expériences et des collisions de protons, avec des faisceaux fortement défocalisés aux points d'interaction (bêta étoile élevé) dans les expériences. Il y aura également une session condensée de développement machine, initialement prévue pour la deuxième quinzaine de juillet.

Le programme de physique avec ions lourds, démarrant semaine 37, comprend deux parties. Il y aura d'abord une exploitation proton-proton de référence à une énergie de 2,68 TeV, suivie de l'exploitation proprement dite avec des collisions d'ions plomb dans les quatre grandes expériences LHC. Initialement prévue pour une durée de quatre semaines, cette exploitation avec ions lourds est donc prolongée d'une semaine. Les derniers faisceaux d'ions plomb de 2023 seront ensuite éjectés le lundi 30 octobre à 6 h du matin, ce qui marquera le début de l'arrêt hivernal pour l'ensemble du complexe d'accélérateurs du CERN. D'ici là, on attend une exploitation pour la physique intense, ambitieuse et surtout fructueuse.

La reprise de la circulation des faisceaux est une bonne nouvelle, non seulement pour la communauté de la physique, mais aussi pour toutes les équipes qui ont travaillé d'arrache-pied et déployé des trésors d'ingéniosité pour arriver à réparer la machine, après un incident inédit, en évitant la procédure standard consistant à réchauffer la totalité du secteur. La réparation a été faite rapidement et permet maintenant de lancer l’exploitation avec ions plomb. Cet exploit met en lumière la compétence, la qualité et l'esprit d'innovation des équipes scientifiques et techniques du CERN.