Après avoir lancé en novembre dernier un appel international à candidatures en collaboration avec le centre d’art Copenhagen Contemporary, Arts at CERN a annoncé que Martyna Marciniak avait remporté le troisième prix de résidence artistique Collide Copenhagen. 

Collide est un programme de résidence organisé par Arts at CERN en association avec une institution culturelle reconnue de l’un des États membres du CERN. Créé en 2012, ce programme représente pour les artistes une opportunité unique de s’immerger dans l’environnement du Laboratoire et d'initier un dialogue constructif avec la communauté scientifique du CERN. La treizième édition de Collide, qui est aussi la troisième de Collide Copenhagen, a donné lieu à 774 propositions de projets issues de 109 pays différents.

Martyna Marciniak est une artiste et chercheuse polonaise installée à Berlin. Sa pratique interdisciplinaire allie narration, fiction spéculative et reconstruction 3D afin d’étudier l’influence du design et de la technologie sur les idéologies et les structures sociales. Ses derniers travaux ont porté sur l’élaboration d'une méthodologie intégrant l’esthétique de la désinformation dans un format narratif semi-fictionnel qui éveille l’imagination et l’esprit critique.

Martyna Marciniak effectuera une résidence d’une durée de deux mois, partagée entre le CERN et le centre Copenhagen Contemporary, afin de développer son projet intitulé « 2.2 microseconds: an anomaly ». Avec ce projet, l’artiste se penchera sur le « problème de la fraction de seconde », et sur ce que des phénomènes micro-temporels, tels que la durée de vie du muon et ses 2,2 microsecondes, peuvent nous apprendre sur l’interconnexion entre les systèmes humains et les phénomènes cosmiques. Parmi ces anomalies figure le basculement de bit, qui survient lorsqu’un rayon cosmique modifie l’état d’un bit de la mémoire d’un ordinateur. De tels dysfonctionnements mettent au jour la mécanique interne des infrastructures technologiques, financières et informatiques et, curieusement, les rendent plus visibles.

L’artiste réalisera une pièce d’horlogerie sculpturale et un essai vidéo qui permettront d’analyser les interactions entre les échelles de temps sidérale, technologique et humaine. Inspirée par la tomographie muonique et la mesure scientifique du temps, la sculpture sera le reflet des infrastructures conçues pour mesurer des phénomènes éphémères. Quant à l’essai vidéo, il proposera de nouvelles pratiques narratives et sensorielles pour éprouver le temps dans toute sa complexité, incitant le spectateur à s’émerveiller devant les erreurs qui façonnent notre monde.

« Au Copenhagen Contemporary, nous sommes plus qu’enthousiastes à l’idée de conclure ces trois années de collaboration fructueuse avec Arts at CERN en présentant le projet de Martyna Marciniak pour la troisième édition de Collide Copenhagen. Son projet vise à moduler notre compréhension du temps et à proposer de nouvelles pratiques narratives et sensorielles pour l’éprouver dans toute sa complexité », explique Marie Laurberg, directrice du centre Copenhagen Contemporary.

Aux côtés de Joan Heemskerk et Alice Bucknell, lauréates respectivement des éditions 2023 et 2024, Martyna Marciniak contribuera à l’exposition « Soft Robots », qui s’ouvrira en juin, au centre Copenhagen Contemporary.

Le jury était composé de Giulia Bini, responsable du programme et curatrice d’« Enter the Hyper-Scientific » à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) ; Vitor Cardoso, directeur du Centre of Gravity de l’Institut Niels Bohr, à Copenhague ; Marie Laurberg, directrice du centre Copenhagen Contemporary ; Majken Overgaard, curatrice indépendante ; et Ana Prendes, curatrice adjointe d'Arts at CERN.

D’une durée de trois ans, Collide Copenhagen est le cadre dans lequel le CERN et le centre Copenhagen Contemporary collaborent depuis 2023. Le prochain partenaire du programme de résidence d’Arts at CERN sera annoncé courant 2025.