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Les mélodies du cosmos et la musique de la physique

Cette année, au Montreux Jazz Festival, des physiciens du CERN se sont associés à des compositeurs et à des musiciens pour faire swinguer l'univers

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Cette année, au Montreux Jazz Festival, en Suisse, le Petit Palais a fait salle comble à l’occasion des excellentes performances musicales inspirées par le CERN et le cosmos.

Dans le cadre des célébrations du 60e anniversaire du CERN, quatre saxophonistes, un pianiste de jazz, deux satellites et plusieurs centaines de rayons cosmiques sont montés sur scène pour la deuxième édition de « The music of physics and the physics of music ».

Le Donald Sinta Quartet a interprété « LHC », morceau classique composé par Roger Zare et inspiré par la recherche du boson de Higgs par les expériences ATLAS et CMS. La performance était accompagnée d’une vidéo de Piotr Traczyk montrant des images prises au cours des deux années qui ont précédé la découverte. Le quatuor de saxophones a terminé avec « Z(4430) », une composition inspirée par l’annonce au mois d'avril de la découverte à LHCb d’une nouvelle particule composée de quatre quarks.

Le Donald Sinta Quartet a interprété un morceau classique composé par Roger Zare au Montreux Jazz Festival (Vidéo : Noemi Caraban Gonzalez/CERN)

Les deux morceaux suivants ont dévoilé une musique venue des frontières de notre système solaire. Domenico Vicinanza, responsable des arts et des sciences humaines pour l’organisation DANTE à Cambridge, a présenté diverses compositions créées à partir de la transposition de données sur le boson de Higgs. Il a ensuite emmené le public dans un voyage aux confins du système solaire, en transformant en une mélodie envoutante des données provenant des deux missions « Voyager » de la NASA – deux sondes interstellaires envoyées plus loin dans l’espace que n’importe quel autre objet créé par l'homme.

Steven Goldfarb, physicien d'ATLAS, et le compositeur Domenico Vicinanza discutent la transformation en musique des données provenant des deux missions « Voyager » de la NASA (Vidéo : Noemi Caraban Gonzalez/CERN)

« C’est formidable de voir les gens fascinés par la physique et la musique. L’art est un moyen puissant et exceptionnel de communiquer avec le cœur et l’âme des gens. Lorsque l'art et la science sont réunis, ce qui en ressort est simplement magique », souligne Domenico Vicinanza.

Pour clôturer la représentation, le pianiste de jazz Al Blatter a retrouvé pour un duo le « piano cosmique », un instrument développé par Arturo Fernandez Tellez, physicien des particules. Construit à partir d’éléments destinés à l’expérience ALICE, ce piano réagit aux rayons cosmiques. Ces rayons énergétiques sont produits lorsque les particules chargées de haute énergie entrent en collision avec la haute atmosphère terrestre ; ils traversent notre corps en permanence. Ils proviennent de phénomènes qui se sont produit dans tout l’Univers, il y a plusieurs milliards d'années pour certains. Lorsqu’un rayon cosmique passe à travers l’un des quatre scintillateurs du détecteur du piano cosmique, il déclenche une note de musique et un flash de lumière coloré. L’arrivée irrégulière de ces rayons et le remarquable talent du pianiste Al Blatter ont offert au public un fantastique moment de jazz polyrythmique.

le pianiste de jazz Al Blatter a retrouvé pour un duo le « piano cosmique » (Vidéo : Noemi Caraban Gonzalez/CERN)