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Oscar Barbalat (1935 – 2023)

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Oscar Barbalat travaille sur l'extraction d'un faisceau de protons du PS. (Image: CERN)

Oscar Barbalat, ingénieur électronicien et pionnier du transfert de connaissances au CERN, est décédé le 8 septembre, à l'âge de 87 ans. Né à Liège, en Belgique, en 1935, il avait rejoint le CERN en 1961 pour travailler au sein du groupe PS-RF. À l'époque, l'intensité du faisceau du PS était inférieure à 109 protons/impulsion et le système de contrôle du faisceau était quelque peu difficile à maîtriser, même si les opérations consistaient principalement à frapper des cibles internes à 24 GeV/c. Le système de contrôle devint de plus en plus complexe lorsque le système d'extraction lente par résonance de Hugh Hereward fut mis en service. Une équipe d'experts en physique des accélérateurs (Dieter Möhl, Werner Hardt, Pierre Lefèvre, Aymar Sörensen et Oscar Barbalat) se pencha alors sur la question dans le cadre d'une étude machine. Oscar écrivit un programme de simulation FORTRAN très complet pour comprendre dans quelle mesure l'efficacité de l'extraction dépendait de nombreux paramètres corrélés.

Dans les années 1970, la division PS entreprit de numériser les systèmes de contrôle-commande de tous les sous-systèmes du PS (Linac, Booster du PS, RF, systèmes de transport de faisceaux, système de vide, observation des faisceaux, etc.). Ces sous-systèmes utilisaient des systèmes de contrôle-commande indépendants, basés sur différents ordinateurs ou exploités manuellement. Oscar fut chargé de développer une nomenclature pour tous les composants du complexe PS. Plusieurs versions furent établies en collaboration avec tous les experts. La quatrième version proposée fut adoptée en 1977.

Pour mettre au point cette nomenclature, Oscar s'était appuyé sur sa connaissance précise des systèmes d'accélérateur et de leurs besoins en matière de contrôle-commande. Son attitude respectueuse et amicale avec ses collègues, alliée à une certaine ténacité, lui permettait de comprendre leurs souhaits et leurs problèmes, et d’en tenir compte pour répondre aux besoins des contrôles automatisés. Oscar était modeste, précisant, dans la section « remerciements » : « Cette proposition est le résultat de multiples contributions et suggestions de la part des nombreux membres de la division qui se sont intéressés à ce problème ; si des incohérences subsistent, elles sont dues uniquement à l'auteur. »

À l'initiative de Giorgio Brianti, le Comité des finances du CERN ayant fait part de son intérêt, le Bureau de Liaison pour l'Industrie et la Technologie (BLIT) fut créé sous la responsabilité d'Oscar. Oscar y commença ses activités en 1974, jusqu’à sa retraite en 1997. Sa façon d’aborder cette nouvelle tâche était caractéristique, et conforme à l’esprit des collaborations au CERN ; sans tapage et dans un esprit constructif. Il aimait s'informer dans les moindres détails et savait expliquer aux autres des aspects techniques peu clairs. En cela, sa grande culture, son intérêt pour les gens, la science, les technologies, les langues et les dimensions culturelles et sociétales lui ont été utiles. Il s’était entouré d’un réseau de personnes qui l'ont aidé et qu'il a su convaincre de l'intérêt de diffuser les connaissances technologiques au-delà du CERN.

Après plus de 20 années passées à œuvrer en faveur du transfert de connaissances, il résumera les activités dans ce domaine, y compris les réussites et les obstacles, dans le document « Technology Transfer from Particle Physics, the CERN experience 1974-1997 ». Au début, dans les années 1970, rares étaient ceux qui pensaient que les technologies du CERN pouvaient avoir une utilité hors du champ de la physique des particules. Aujourd'hui, le CERN est fier de montrer qu'il a un impact sur la société. Après sa retraite, Oscar avait continué à s'intéresser au transfert de technologies du CERN et, en 2012, il est devenu membre fondateur de l'iThEC (International Thorium Energy Committee), qui promeut la R&D dans les technologies de l'énergie au thorium. 

Sans aucun doute, Oscar a été le pionnier de ce que l'on appelle aujourd'hui le Transfert de connaissances au CERN.

Il nous manquera terriblement.

Ses collègues et amis