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Décharge d’adrénaline au point 5 du LHC

Un exercice d’intervention d’urgence d’une ampleur inédite s’est déroulé le 13 novembre au point 5 du LHC, avec la participation d’équipes de secours françaises, suisses et cernoises

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Monsieur Mauro Poggia Conseiller d'Etat chargé du département de la sécurité, de la population et de la santé Vice-président du Conseil d'Etat de la République et canton de Genève Confédération suisse Madame Pascaline Boulay Sous-Préfète de Gex et Nantua
Camions des pompiers français mobilisés pour l’exercice d’intervention d’urgence (Image: CERN)

Un samedi matin paisible à Cessy, en France. D’épais nuages automnaux masquent les pentes du Jura et, à proximité du village endormi, l’expérience CMS du LHC se prépare à la prochaine exploitation de l’accélérateur. Mais un incident survient sous terre au sein du vaste complexe de l’expérience et trouble sa quiétude : un technicien négligent, faisant fi de tous les systèmes de sécurité, effectue une mauvaise manipulation des gaz et déclenche un incendie. C’est le point de départ d’une série de catastrophes. Le gaz se propage dans la caverne souterraine et génère une explosion, blessant des collaborateurs et des visiteurs, après quoi un échafaudage s’effondre sur l’une des voies d’évacuation souterraines. La surtension qui s’ensuit détériore le moteur d’une grue. La machine est immobilisée et le grutier est bloqué à plusieurs dizaines de mètres du sol. Le chantier du LHC à haute luminosité (HL-LHC) et ses cavernes, à proximité, ne sont pas épargnés : la surtension déclenche également un incendie dans une salle de repos et, plus loin sur le site, un mécanicien est pris au piège sous de lourdes poutres métalliques. Qui plus est, un électricien s’électrocute et se blesse en essayant de résoudre un problème technique dans un bâtiment en surface.

Plausible ?

« Pour mener un exercice de cette envergure, nous devions imaginer des scénarios vraisemblables faisant suite à un incident hautement improbable. Nous sommes déjà bien préparés aux incidents graves, mais qu’en est-il du pire des scénarios ? », explique Roberto Perruzza, LEXGLIMOS (chef de groupe en matière de sécurité) à CMS qui, avec Marc Nas, chef adjoint du Service de Secours et du Feu du CERN, a conçu et suivi cet exercice d’intervention d’urgence à grande échelle, d’un grand réalisme.

La complexité du scénario de l’exercice décrit ci-dessus s’est reflétée dans le nombre et la diversité des équipes impliquées. Pas moins de 90 volontaires du CERN ont prêté main-forte pour la coordination et les actions  de sécurité et ont joué le rôle des techniciens, des visiteurs et des victimes, mais les stars du jour étaient les sept équipes de sécurité et de secours, en provenance d’une organisation internationale et de deux pays différents : le Service de Secours et du Feu du CERN, les pompiers et la protection civile de France et de Suisse, ainsi que la Brigade sanitaire cantonale et l’Alliance suisse des samaritains avec son groupe "Piquet Catastrophe". L’exercice faisait suite au succès d’un exercice similaire au Globe en 2019. L’objectif était d’améliorer l’interopérabilité et la communication entre les équipes et de renforcer la connaissance et la compréhension mutuelles de leurs méthodes de travail respectives en cas d’intervention multinationale suite à un incident majeur au sein d’une infrastructure complexe du CERN.

Personalities and History of CERN
Mauro Poggia, conseiller d'Etat du canton de Genève chargé de la sécurité, de la population et de la santé, et Pascaline Boulay, sous-préfète de Gex et de Nantua, ont observé l'exercice en compagnie de Charlotte Warakaulle, directrice des relations internationales du CERN (au fond). Marc Nas (au premier plan à gauche) et Roberto Perruzza (au premier plan à droite) ont surveillé le déroulement de l'exercise. (Image: CERN)

Pendant près de quatre heures, les 260 participants ont produit un chaos parfaitement organisé et exécuté au point 5, en surface comme dans les cavernes de CMS et du HL-LHC. Les équipes de secours ont dû intervenir sur un feu plus vrai que nature constitué de posters représentant des flammes et gérer un ensemble d’échafaudages très réels  installés dans la caverne de service de CMS afin de perturber l’intervention, sans compter des victimes qui hurlaient de douleur avec un réalisme saisissant. Elles ont ainsi pu vérifier l’efficacité de la doctrine « équipes mixtes », un plan d’intervention multinational commun qui prévoit l’intervention des équipes de secours d’un pays sur le territoire de l’autre, ainsi que le transfert du commandement d’une équipe à l’autre au besoin, le tout dans le cadre de l’accord tripartite qui lie le CERN, la France et la Suisse sur les questions d’intervention d’urgence.

« Nous allons tirer des leçons de cet exercice dans les semaines à venir. Le principal enseignement qui s’est imposé dès la fin de l’exercice, c’est que nous devons faire ce genre de choses plus souvent, à plus petite échelle. Les relations établies lors de ces exercices seront décisives en cas de réelle intervention d’urgence, tout comme les connaissances acquises sur les méthodes des autres équipes », affirme Marc Nas. « En plus, c’est un plaisir de collaborer avec des personnes déterminées à faire avancer un projet complexe et à le mener à bien. Tous les participants ont été très satisfaits des résultats et nous avons hâte de répéter l’exercice en une future occasion. »

home.cern,Safety

Dans le sens des aiguilles d'une montre en partant d'en haut à gauche :
- Sauvetage des "blessés" volontaires dans la caverne de CMS
- Sauvetage d'un grutier par les pompiers suisses au point 5 de HL-LHC
- Concertation des commandants des différentes équipes d'intervention
- Samaritains suisses à l'oeuvre auprès des "blessés" volontaires dans une tente à proximité de CMS;
tout cela dans le cadre de l'exercice d'intervention d'urgence. 
(Image: CERN)